Quelques jours en Bourgogne.

Commençons par le sud à Cluny. Autour de l'an mille trois églises abbatiales Cluny I, puis Cluny II et enfin Cluny III ont été bâties sur le site. Cluny III a quand même été la plus grande église du monde chrétien jusqu'à la construction de Saint Pierre à Rome. Les moines qui occupent le lieu interprètent la règle de Benoit (Prière et Travail) à leur sauce. Ils ne travaillent pas et "vendent" leurs prières pour amener l'argent des nobles qui souhaitent racheter leurs péchés. Ici à Cluny outre le gigantisme, on étale volontiers la richesse. Tout cela dura jusqu'à ce que certains décident de faire dissidence et de retrouver la pureté en fondant Cîteaux. Mais ce qui va marquer le site que nous connaissons aujourd'hui c'est évidement la révolution qui voit la dissolution des ordres religieux et la vente en tant que carrière de l'abbaye. C'est la déchéance de Cluny qui avait tant d'influence sur le monde chrétien.

Aujourd'hui, il ne reste pratiquement rien en dehors de la petite tour de l'horloge et d'un clocher d'un des deux transepts. Ceux-ci n'ont pas été détruits, car les habitants du voisinage ont eu peur que la destruction n'endommage leur habitation. Evidement, ils n'avaient pas nos techniques actuelles de démolition. Ce peu qui reste, nous donne quand même une idée du gigantesque monastère qui se trouvait là. Sur le site, plusieurs écrans replacent en réalité virtuelle l'abbaye dans le paysage.

Les bâtiments sont actuellement occupés par l'ENSAM (Arts et Métiers)

Le farinier du XIIIème siècle avec sa splendide charpente. Y sont exposées les colonnes qui entouraient le cœur de Cluny III. Les première sont d'inspiration antique et les autres évoquent les métiers des moines.

Après Cluny, Cîteaux, nous sommes remontés plus au cœur de la Bourgogne. Les fastes et le mode de vie de Cluny et de ses dépendances déplaisent aux plus purs. Aussi Robert fonde avec quelques moines ce qui allait être l’abbaye de Cîteaux. Bernard qui donnera son nom à l’ordre des Bernardins vient en ce lieu vers 1110 pour y vivre de la manière la plus rigoureuse qui soit en respectant la règle de Saint-Benoît : travail et prière. Du travail il y en a, car l’abbaye est perdue dans la forêt au milieu d’un marécage (cistelle=roseau..cisticole). Mais cela marche, car de nombreux jeunes nobles riches deviennent moines à Cîteaux et fond des legs. Bernard crée alors très rapidement des abbayes filles de Cîteaux dans toute la France, puis l’Europe (et aujourd’hui le monde). Bernard a su s’appuyer sur le pouvoir politique pour son expansion. C’est en quelque sorte un précurseur de la mondialisation, mais à l’époque point de franchises et de structures capitalistiques.

La visite de Cîteaux décevra ceux qui en voyant Cluny se sont dit qu’il ne reste pas grand-chose. Car des murs du 12^ème siècle, il y a encore moins à voir. Comme à Cluny, l’appel à l’imagination est indispensable. Comme Cluny, Cîteaux à servi de carrière après la révolution. Mais à Cîteaux, les moines sont revenus et permettent de franchir la clôture aux visiteurs. Au début de la visite chacun est invité à méditer sur un texte mis à disposition.

Une partie du cloître a été conservée et restaurée ainsi que la bibliothèque (dont les manuscrits sont à Dijon). La visite permet de mettre en évidence le travail de copie qu’exerçaient les moines avant l’invention de l’imprimerie.

A noter que les enluminures évoluèrent dans le temps et qu’elles devinrent plus austères pour revenir à l’essentiel.

Une reproduction d’une « bande dessinée » du 12^ème siècle nous rappelle un peu Bayeux. Mais toute la technique de la mise en page est déjà là dans cette évocation de la vie de David. .

En remontant encore au nord, on peut voir l'abbaye de Fontenay. Elle est cistercienne du 12e siècle, créée par Bernard le fondateur de Cîteaux. Contrairement à sa maison mère, elle n'est plus occupée par les moines depuis la révolution. Et pourtant elle est "intacte". Les bâtiments du 12ème siècle nous montrent toute l'austérité et la pureté voulues par les fondateurs. Contrairement aux autres abbayes, Fontenay a échappé à la destruction car les bâtiments ont été achetés après la révolution pour devenir une imprimerie. Au 20e siècle, les propriétaires ont désindustrialisé le site et nous offre à la visite un superbe monument.

Bien que plus modeste que Cluny, on est frappé par les dimensions de l'abbatiale qui était destinée aux seuls moines pas très nombreux.

 Une vierge bourguignonne du 13ème siècle, le retable en pierre sculptée. Une série aussi de pierres tombales. J'ai choisi celle là pour le petit chien en bas à gauche qui a un aspect très actuel.

 Le cloître entier aux lignes très sobres.

La salle capitulaire.

 La reconstitution de la forge. Les moines travaillaient le minerai de fer extrait près de là.