La Lituanie est le pays balte avec le plus faible niveau de vie. Son voisin "occidental" est la Pologne, alors que le voisin de l'Estonie est la Suède. Est-ce que le voisinage peut entrainer un gradient de richesses? La Lituanie n'a pas sur son flan est de frontière avec la Russie. Ce qui fait qu'elle a une très faible minorité russe. Le pays a cependant une frontière russe au sud. La Russie a gardé le territoire de Kaliningrad région totalement enclavé dans l'Union Européenne. Ce territoire qui a la majorité des échanges avec ses voisins "occidentaux" a un niveau de vie supérieure à sa mère patrie. Mais c'est aussi une base militaire avancée enclavée dans l'OTAN. Ca sent les problèmes....

Extrait E MONDE du 25 12 2016 F Le Maitre

 « Aujourd’hui, la Lituanie, c’est l’Europe »

C’est une rencontre improbable dans un lieu qui ne l’est pas moins : au pied d’une grande dune au sommet de laquelle on peut observer ce qui se passe dans le pays voisin, au-delà d’un no man’s land explicitement baptisé « vallée de la mort ». Nous ne sommes pas à la frontière entre les deux Corées mais en Europe. Au milieu de l’étroite bande de terre de 80 kilomètres de long qui relie la Lituanie et le territoire de Kaliningrad. La moitié nord de l’isthme est lituanienne. La moitié sud est l’enclave russe de Kaliningrad, là où Poutine entrepose des missiles nucléaires.

Heureux d’être là, un homme à l’épaisse barbe noire sirote un apéritif. « J’ai 42 ans. Je suis né en Lituanie mais avec ma famille nous sommes partis en Israël en 1991. C’est la première fois que je reviens. C’est un moment important pour moi. C’était un pays communiste, c’est devenu l’Europe », résume-t-il. Avant la seconde guerre mondiale, la capitale, Vilnius, abritait cent synagogues, il n’en reste plus qu’une dans cette « Rome du Nord » qui compte plus de cinquante églises.

Malgré son nom, le Musée des victimes du génocide, ouvert dans l’ancienne prison du KGB, ne consacre que quelques phrases indigentes aux 200 000 juifs de Lituanie exécutés par les nazis. Que des milliers de juifs aient été victimes de Lituaniens n’est pas le sujet. Ce que dénonce le musée, c’est l’occupation soviétique. Pour les pays baltes, la guerre ne s’est pas arrêtée en 1945 mais en 1991. De façon tragique d’ailleurs. La chute du Mur de Berlin sans une goutte de sang nous a fait oublier qu’en janvier 1991, lorsque la Lituanie prend son indépendance, Mikhaïl Gorbatchev envoie cette fois les chars à Vilnius. Quatorze Lituaniens meurent en martyrs le 14 janvier – un mémorial placé devant le Parlement leur rend hommage.

Sur un des côtés du bâtiment, un dessin représente un crocodile aux gros sourcils, la Russie, ne faisant qu’une bouchée de la liberté. Occupée partiellement par la Pologne après 1918 puis totalement par les Russes après 1945, la Lituanie retrouvait enfin son indépendance, entérinant la disparition de l’URSS. « La plus grande catastrophe géopolitique du XX^e siècle », selon Vladimir Poutine…