En quittant Etosha, nous filons (sur des pistes, donc filer est peut-être exagéré) vers le Sud-Ouest. Il n'y a pas encore de reliefs, mais le paysage est un peu différents du parc. Ici beaucoup d'élevage extensif. Quelques fermes perdues. Les superficies n'ont rien à voir avec l'Europe. 5 000 hectares correspond à une petite exploitation. Dans le sud les fermes gérées par les blancs sont de l'ordre de 50 000 hectares. Nous faisons un crochet comme beaucoup de touristes vers un village Himba, une ethnie bantou apparenté Hérrero.

Les Himbas sont parmi les derniers africains vivants encore avec les traditions ancestrales. Ils sont éleveurs, vivent en villages communautaires et ont du mal à résister à notre civilisation. Leur vie est précaire dans une pauvreté absolue. La plupart ne connaissent pas leur âge et son analphabètes. Le rouleau compresseur des guerres et du progrès les a relégué dans un région peu hospitalière du nord de la Namibie. Cependant on en croise un peu partout visiblement plus pauvre encore que le autres Namibiens essayant de vendre de l'artisanat y compris en centre ville de Windhoek. Alors que font-ils là sur notre route entre deux points touristiques.

Un blanc orphelin qui a été élevé par les Himbas, mais qui a pu faire des études a installé des fermes dans le nord pour aider son "peuple". Il essaie de promouvoir la culture Himbas pour qu'elle soit comprise et ne disparaisse pas. Pour cela il faut des fonds. Le tourisme est une opportunité pour attirer l'attention et récupérer de l'argent. Mais comme la région où ils vivent est vraiment très fragile et qu'en plus elle n'est pas sur les itinéraires de la majorité des touristes, il a été décidé de faire des villages témoins. Le village que nous avons vu correspond à ce modèle. C'est également un orphelinat. C'est un faux village, mais vrai car ils y vivent selon leur tradition.Quand les touristes ne sont plus là le soir, eux vivent selon des rites que l'on imagine pas.

Je dois dire que cette visite laisse un goût étrange. D'un côté on touche l'Afrique telle qu'elle devait être il y a un siècle, ou deux ou plus. D'un autre l'impression de zoo humain est là. Bien sûr les quelques euros qu'on laisse pour le droit de visiter et de photographier, l'achat des babioles ou les dons représentent beaucoup et sont sans doute essentiel mais de nous voir avec nos gros réflexes en train de mitrailler.....Car c'est bien le but. Les femmes et les enfants (On ne voit pas les hommes qui travaillent et quand on les aperçoit ils sont habillés comme nous) en costume traditionnel, très sophistiqué sont particulièrement photogéniques. Les filles ont la peau recouverte de terre rouge. Peu de sourires. J'avoue que j'étais plutôt gêné et cela se ressent sur les photos.

Les femmes photographiées ont en réalité une quinzaine d'année même si elles sont mariées.

Le village n'a pas d'eau. Les femmes Himbas ne se lavent plus avec de l'eau dès qu'elles sont en âge de procréer. Elles pratiquent des fumigations. Cela dit c'est écolo.

L'école est maintenant obligatoire. Pas de table et quelques chaises en plastique. Le luxe c'est la tôle ondulée et la bouteille d'eau qui traverse le toit pour éclairer. C'est aussi écolo. Il n'y a pas d'électricité dans le village. On a quand même vu des petits panneaux voltaïques dans le toit des cases pour recharger les téléphones.

Une femme Himba qui s'est mariée avec un Héréro.