A quelques encablures au sud de Saïgon, le Mékong abrite le grenier à riz du Vietnam. Après plus de 4000 kilomètres depuis le Tibet, le Mékong ouvre son delta au Vietnam et fait vivre près de 20 millions de personnes. Sur la route de Saïgon à Cantho on constate que toute la campagne est inondée. Tout au long du voyage, le constat sera le même dans les plaines.

Et puis on traverse les différents bras du Mékong sur les rares ponts. Au Vietnam le bras le plus large fait 1,5 kilomètres et il n'y a que trois ponts. Depuis sa source, il y a moins de dix ponts qui traversent le fleuve.

La région est d'une platitude absolu, au niveau du fleuve ou au niveau de la mer. Le Mékong qui charrie d'énormes quantités de sédiments est beaucoup moins puissant qu'au siècle dernier. Les pays amonts ont posés des barrages. Du coup la marée remonte maintenant jusqu'au Cambodge augmentant la salinité des terres et diminuant la production de riz et la faune ainsi que leur qualité. Puis les lâchers d'eau intempestifs inondent le delta. Bon, pourquoi s'en faire, la région existera-t-elle encore avec le changement climatique. 20 millions de réfugiés.

La région produit du riz (60% de la production), des ananas, des noix de coco et des bananes. Le Mékong fournit le poisson (chaque maison a ses nasses). La glaise permet la production de matériaux de construction. Enfin c'est une voie de pénétration dans le sud Vietnam. Gros bateaux et petits transportent tout en provenance ou à destination du Laos, du Cambodge et de la Thaïlande. Les marchés flottants font le commerce de gros. Le dynamisme économique engendre aussi des villes champignons comme Cantho.

Et remonter un peu du fleuve sur un bateau, c'est Apocalypse Now (même si le film a été tourné aux Philippines). L'ambiance est la même sans les circonstances dramatiques, évidemment.